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"Envoyé spécial" (France 2) : Décryptage d’une désinformation pronucléaire
par Stéphane Lhomme


Publié le 19 février 2013

Souvent pertinente, l’émission de reportages "Envoyé spécial" a sérieusement dérapé samedi 9 février 2013 sur la question des énergies renouvelables, tout en permettant à Anne Lauvergeon de promouvoir l’atome sans contradiction, en occultant Fukushima et en oubliant d’évoquer l’importation de l’uranium "français" depuis le Niger, avec otages et guerre au Mali à la clé. Cela fait beaucoup.


Envoyé spécial est une émission de reportages qui, depuis 1990 a souvent fait honneur à sa mission d’information. Ce ne fut pourtant pas le cas, loin de là, samedi 9 février 2013, sur le thème "Énergies vertes, l’envers du décor, trois ans après" (*).

L’émission se composait d’un reportage consacré aux déconvenues rencontrées par des particuliers ayant acheté une éolienne ou des panneaux solaires, puis de l’interview en plateau d’Anne Lauvergeon, fer de lance du lobby nucléaire en France, invitée à s’exprimer sur le thème de la "transition énergétique".

Le premier "bug" de cette émission sautait immédiatement aux yeux : on ne peut illustrer correctement une problématique globale, macro-économique voire même géopolitique, par de petits tracas domestiques (même si ces derniers sont bien réels et problématiques pour les personnes concernées, la question n’était pas là).

D’ailleurs, après s’être longuement fait "infliger" les misères rencontrées par des particuliers, le téléspectateur arrivait inévitablement à la conclusion que les énergies renouvelables ne fonctionnent pas, voire même qu’il s’agit d’une belle arnaque. Les commentateurs n’ont même pas eu besoin d’asséner "Heureusement qu’on a le nucléaire", cela ressortait comme une évidence... d’autant qu’arrivait alors en plateau Anne Lauvergeon, grande prêtresse de l’atome.

Cette dernière a eu d’autant moins de mal à ramasser la mise que la journaliste Lise Joly n’avait de toute évidence pas préparé son émission. Dans le cas inverse, elle aurait pu informer les téléspectateurs que, sur Terre, les énergies renouvelables produisent plus de deux fois plus d’électricité que le nucléaire (**). Que la part du nucléaire dans l’électricité mondiale s’est effondrée de 17% (2001) à 11% (2011), alors que celle des énergies renouvelables est au contraire en augmentation continuelle et a dépassé les 20% !

Mme Joly aurait pu faire savoir que l’hydroélectricité représente à ce jour les ¾ de cette production renouvelable, mais que l’énergie éolienne a tellement progressé que, désormais, EDF est parfois obligée d’arrêter des réacteurs nucléaires tant la production venue d’Allemagne est massive et peu chère (cela va avec, par le jeu de l’offre et de la demande).

Loin de donner aux téléspectateurs ces informations cruciales, la journaliste a déroulé le tapis radioactif pour Anne Lauvergeon en lui demandant "Les énergies renouvelables, c’est du gadget ?". Un gadget... qui produit deux fois plus que le nucléaire !

Anne Lauvergeon s’est bien sûr gardée de toute rectification et a profité du boulevard qui lui était offert : "Gadget non, mais on voit bien qu’il y a des gens qui rêvent et qui sont les victimes de ceux qui en profitent".

Une fois le discrédit jeté de façon totalement trompeuse sur le "rêve" des énergies renouvelables, Mme Joly a enchaîné sur la fameuse "transition énergétique" et l’annonce par M Hollande de faire baisser de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité en France.

Volontairement ou non, téléspectateur était clairement poussé à se dire : "Ce n’est vraiment pas raisonnable de réduire la part du nucléaire alors que, comme cela vient d’être "démontré", les énergies renouvelables sont si peu fiables".

Laissant supposer qu’elle était partisane de l’atome, Lise Joly a insisté lourdement : "La décision de baisser la part du nucléaire en France jette une forme de discrédit sur le nucléaire alors que c’est une industrie dans laquelle nous sommes numéro un mondial".

Numéro un mondial ? Les USA ont deux fois plus de réacteurs, la Chine en construit plus, le réacteur français EPR est rejeté de partout (Émirats, Italie, USA, Tchéquie, probablement sous peu Grande-Bretagne, etc) et les deux chantiers menés par EDF (à Flamanville) et Areva (en Finlande) rivalisent de retards (11 ans au lieu de 4 !) et de surcoûts (9 milliard au lieu de 3 !).

Ces données très significatives étaient facilement accessibles pour Mme Joly à condition de prendre quelques minutes de préparation, mais elle est hélas restée au niveau des idées reçues. En réalité, si la France est "numéro un mondial du nucléaire", c’est dans les surcoûts et la production de déchets radioactifs...

A nouveau, on s’en doute, Anne Lauvergeon a profité du boulevard qui lui était si généreusement offert, en attribuant au nucléaire diverses qualités parfaitement contestables... mais personne n’était là pour les contester.

Mme Lauvergeon a même pu se faire passer pour une personne de haute moralité en affirmant s’être opposée à l’exportation de réacteurs nucléaires vers la Libye de Kadhafi. Elle a bien sûr oublié de signaler que durant son mandat à la tête d’Areva, elle avait sans état d’âme travaillé avec certains des pires dictateurs, des dirigeants chinois (dont on finirait presque par oublier, PIB oblige, que ce sont des tyrans) au tortionnaire Kazakh Nazarbaev. Mme Joly n’avait donc rien à dire sur la question ?

Lors de leur aimable discussion en plateau, les deux dames ont d’ailleurs réussi l’exploit d’occulter totalement deux éléments pourtant cruciaux et d’une actualité brûlante, surtout lorsqu’il s’agit de parler d’énergie : la catastrophe de Fukushima et l’uranium du Niger.

Par rapport aux projets de François Hollande, Mme Joly aurait pu demander à Anne Lauvergeon : "Est-ce bien raisonnable de garder 50% de nucléaire alors que Fukushima a prouvé qu’une catastrophe nucléaire pouvait arriver dans un pays prétendument de haute technologie ?"

Mme Joly aurait aussi pu rappeler que la France importe 100% de son uranium, en particulier du Niger où des salariés d’Areva ont été enlevés - pendant le mandat d’Anne Lauvergeon et sont toujours retenus en otages depuis.

Et justement, mais cela relève de toute évidence du rêve, la journaliste aurait pu demander à son invitée si, par hasard, l’intervention militaire de la France au Mali ne s’expliquait pas entre autre par la proximité des mines d’uranium d’Areva.

Pour finir, revenons aux cas de certains particuliers qui ont connu des déboires après avoir acheté une éolienne ou des panneaux photovoltaïques. Envoyé spécial est à nouveau défaillant dans sa mission d’information en n’évoquant à aucun moment les vraies causes de ces problèmes.

En effet, pourquoi risque-t-on de se faire "arnaquer" quand on veut s’équiper en énergies renouvelables ? Tout simplement parce que l’État français a choisi d’imposer son atome, et a de fait délibérément délaissé les énergies renouvelables.

Si EDF était encore un vrai service public, et qu’une de ses missions était le développement des énergies renouvelables, les particuliers auraient un interlocuteur fiable et compétent, et ne risqueraient pas de se retrouver grugés par des escrocs dont les sociétés disparaissent en un clin d’œil, contrairement à EDF.

Mais ces questions de fond, il n’en a jamais été question au cours de cette piètre émission qui a donné le sentiment d’une véritable opération de désinformation en faveur de l’atome. Il était alors bien tentant de considérer comme révélateur le lapsus final de Mme Joly : "Les associations de défense contre l’environnement". On ne saurait mieux dire...

Stéphane Lhomme

Observatoire du nucléaire


(*) http://www.france2.fr/emissions/envoye-special-la-suite/diffusions/09-02-2013_24661

(**) En 2010, selon l’Agence internationale de l’énergie, peu soupçonnable d’activisme antinucléaire (bien au contraire), le nucléaire produisait 12,9% de l’électricité mondiale, les renouvelables 19,7% (cf. http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/kwes.pdf, page 24). Depuis, il y a eu Fukushima, et une baisse brutale de la production nucléaire (50 réacteurs arrêtés au Japon, 8 en Allemagne, et quelques autres ici ou là : cuves fissurées en Belgique, pièces non-conformes en Corée du Sud, etc). La part du nucléaire est tombée à 11% en 2011 et probablement à moins de 10% en 2012 (les chiffres sont attendus avec impatience). Pendant, ce temps, les énergies renouvelables ont continué leur progression...


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