Communiqué de presse, Saintes, le 10 novembre 2021
Ce 9 novembre, M. Macron a probablement délivré le meilleur de ses discours de la période « Covid », le plus séduisant, le plus habile. Celui dans lequel il s’attribue - avec une modestie inhabituelle, le « nous » venant remplacer le « je »… - le succès présumé d’une lutte contre le Covid pourtant extrêmement mal partie, et les effets économiques supposés de ses choix sanitaires.
Nous ne devons pas pour autant nous laisser prendre à ses tours de prestidigitation. Par exemple celui-ci : « C’est par le travail que nous pouvons bâtir notre indépendance énergétique… Mais si nous voulons payer notre énergie à des tarifs raisonnables et ne pas dépendre de l’étranger, il nous faut tout à la fois continuer d’économiser l’énergie et d’investir dans la production d’énergie décarbonée sur notre sol. C’est pourquoi, pour garantir l’indépendance énergétique de la France, pour garantir l’approvisionnement électrique de notre pays, nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays. »
M. Macron oublie que la production d’électricité d’origine nucléaire est déjà plus onéreuse que celle provenant des énergies renouvelables et qu’elle le deviendra de plus en plus ; que c’est très loin d’être une « énergie décarbonée » (donc bénéfique au climat) quand on prend en compte son amont (construction des centrales, alimentation en combustible…), son fonctionnement (66% de la chaleur produite sert à réchauffer l’atmosphère, émissions de gaz à effet de serre comme le R134a, 3700 fois plus nocif que le CO2, effluents radioactifs, etc.) et son aval (démantèlement des centrales, garde des déchets radioactifs pendant des millénaires...). Sans parler des risques d’accidents majeurs -comme celui qui faillit se produire le 27 décembre 1999 à Blaye- d’un coût humain, environnemental et financier tellement exorbitant que personne n’ose l’assumer, sauf l’Etat, en notre nom et à nos dépens.
M. Macron profère en outre un énorme mensonge puisque le nucléaire, contrairement à ce qu’il nous raconte et aux énergies alternatives, nous rend totalement dépendants de l’étranger : il fonctionne à partir du minerai d’uranium, source d’énergie fossile et non renouvelable dont pas le moindre kilo n’est désormais exhumé en France. De sorte que les prochaines guerres seront celles de l’uranium.
En fait, l’énergie nucléaire est une scandaleuse escroquerie climatique, écologique, sécuritaire… et démocratique ! Car qu’est-ce qui permet à M. Macron d’affirmer que « nous allons… relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays », sinon sa conviction autocratique qu’il suffit qu’il ait décidé quelque chose pour qu’aussitôt les Français s’y soumettent et votent pour lui !
Autre tour de passe-passe : M. Macron affirme que "oui, la France a les moyens de conforter ses positions de grande puissance, éducative, industrielle, agricole, d’innover, de créer et produire en tenant nos objectifs climatiques et de biodiversité…" Il oublie juste de dire que la France s’exporte avant tout comme une grande puissance militaire, 3e vendeur d’armes du monde et jusqu’à présent 3e puissance nucléaire après les Etats-Unis et la Russie. C’est ainsi qu’il escamote l’unique raison pour laquelle il nous vend l’énergie nucléaire comme une énergie d’avenir, alors que c’est une énergie en faillite, catastrophique à tous égards. M. Macron nous vend les instruments de mort comme il les vend au reste du monde.
Par exemple aux Emirats Arabes Unis, en guerre au Yémen, qui sponsorisent son Forum de Paris sur la Paix. Cf. Ventes d’armes et langue de bois : la tartuferie française (Lettre à Florence Parly).
Ou encore en justifiant la prolifération des armes nucléaires par la perpétuelle et ruineuse modernisation des nôtres.
Jean-Marie Matagne
Candidat à l’élection présidentielle de 2022
Pour un monde décarboné, dénucléarisé, démilitarisé
contact@acdn.net