
Objet : Choisir entre l’enfer et la raison.
Monsieur le Président,
Le 6 août 1945, "Little Boy" atomisa Hiroshima et ses 350 000 habitants. Le 8, Albert Camus éleva une voix singulière, s’inquiétant des "perspectives terrifiantes" ainsi ouvertes à l’humanité. Le 9, ce fut au tour de Nagasaki. Le 10, il n’y avait plus de bombe en stock.
80 ans plus tard, plus de 12 000 armes nucléaires, la plupart bien plus puissantes que "Little Boy", menacent à tout instant de détruire l’humanité et sa petite planète. Peut-on vouloir sauver le climat, la biodiversité, l’eau, les océans... tout en consacrant un argent fou à préparer l’Apocalypse ?
Nous observons que les armes nucléaires ne préservent pas la paix, loin s’en faut. Ni celles de l’OTAN, ni celles de la France n’ont empêché le chef de l’État russe d’envahir l’Ukraine. Au contraire, il a usé des siennes pour dissuader l’Europe et l’OTAN de réagir, puis pour "sanctuariser" les territoires annexés et continuer sa guerre. Des constats similaires peuvent être faits à propos d’Israël.
Faisant prévaloir par la terreur la raison du plus fort, imposant la volonté de "ceux qui en ont" à ceux qui n’en ont pas, elles perpétuent un monde de dominations, de peurs, de haines, de violences, suscitent le surarmement et la guerre. Selon le général US Lee Butler, ancien chef du Strategic Air Command, elles sont "fondamentalement dangereuses, extraordinairement coûteuses, militairement inefficaces et moralement indéfendables".
Elles sont en outre suicidaires. Le Président Giscard d’Estaing l’avait reconnu, se promettant en secret de ne prendre jamais "l’initiative d’un geste qui conduirait à l’anéantissement de la France".
Le seul usage sensé de nos armes nucléaires, c’est de servir de monnaie d’échange pour amener les autres États dotés, quels qu’ils soient, à renoncer aux leurs.
Tous les États parties au Traité sur la Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP), en vigueur depuis 1970, sont tenus par son article 6 de renoncer définitivement à ces armes, et ceux qui en sont déjà dotés, tenus de négocier leur élimination totale. La France a adhéré au TNP en 1992. Mais jamais les États dotés, France comprise, ne se sont réunis dans ce but, bafouant ainsi leur engagement et piétinant le droit international. Ils refusent tous, par ailleurs, de signer le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires, qui depuis huit ans les invite à renoncer à leurs armes nucléaires.
Ils doivent donc négocier enfin un véritable traité d’abolition, engageant à la fois l’élimination totale, planifiée et contrôlée, des armes existantes et leur interdiction universelle et définitive. La France, "patrie des droits de l’Homme", peut et doit en prendre l’initiative diplomatique, en s’adressant à tous les États nucléaires, parties ou non au TNP, y compris et à plus forte raison s’ils sont en guerre actuellement.
Camus disait : "Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison."
Nous vous demandons instamment de prendre sans tarder les initiatives diplomatiques requises par l’article 6 du TNP, afin de libérer le monde de toutes les armes nucléaires et radioactives et de la menace existentielle qu’elles font peser sur l’humanité, les vivants, la planète.
Pour ACDN (Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire)
Jean-Marie MATAGNE, Président
Pour IDN (Initiatives pour le Désarmement Nucléaire)
Bernard NORLAIN, Président
Pour le Mouvement Pugwash-France
Nicolas DELERUE, Président
Destinataire :
Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
S/c Monsieur le Sous-préfet de Saintes
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Si vous souhaitez signer cette lettre, adressez à contact@acdn.net le courriel suivant :
Je soussigné(e) déclare approuver et cosigner la lettre du 6 août 2025 au Président de la République, intitulée "Choisir entre l’enfer et la raison".
NOM, Prénom, qualité, adresse électronique ou postale
Votre adresse ne sera pas publiée. Vous serez tenu(e) informé(e) de la réponse du Président, s’il y a lieu, et des suites de l’action par d’autres voies.
