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Fukushima : Compassion ou colère ?
Par Jean-Marie Matagne


Publié le 20 mars 2011


Le peuple japonais a déjà connu l’expérimentation -c’est le terme qui convient- du nucléaire sous sa forme militaire : la bombe d’Hiroshima (à l’uranium) et celle de Nagasaki (au plutonium).

(Voir : HIROSHIMA, NAGASAKI : une histoire méconnue et des leçons plus que jamais d’actualité.)

En 1946, la constitution japonaise a introduit l’interdiction des armes nucléaires en même temps que celle du militarisme. L’Article 9 énonce :

"Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux."

"Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu."

Malheureusement, des dirigeants moins bien inspirés - en fait inspirés par l’idéologie "progressiste" de l’"atome pour la paix" ("Atom for Peace") diffusée par le vainqueur américain pour mieux faire oublier son usage militaire, ont fait par la suite, sans tenir compte d’un risque sismique considérable, le choix de l’énergie nucléaire qui conduit aujourd’hui la population japonaise à subir les sinistres effets de l’uranium et du plutonium sous leur forme "pacifique" : le MOX. C’est ce mélange des deux radio-éléments qui était justement utilisé dans le réacteur n° 3 de Fukushima.

Sans doute mal informés, les médias japonais et étrangers, en particulier français, n’ont pas évoqué, jusqu’à présent, ce "détail" qui obligerait à admettre une présence importante de plutonium dans les diverses émanations radioactives sortant du réacteur. Il faut dire qu’il y a là de quoi avoir encore plus peur, et de ressentir un peu plus de colère, quand on sait le rôle essentiel joué par AREVA dans l’introduction du MOX au Japon. Le plutonium, qui n’existe pas dans la nature, est en effet l’un des pires poisons qui soient... C’est un des nombreux sous-produits de la combustion des "crayons" d’uranium dans les réacteurs. Et c’est principalement pour l’extraire des déchets de combustion que ceux-ci sont "retraités" dans une usine comme celle de La Hague, avant celle, japonaise mais récente, de Rokkashomura.

Histoire de "recycler" et rentabiliser le plutonium, le MOX est aussi le combustible utilisé dans un certain nombre de centrales françaises, dont celle de Braud-Saint Louis, dite du Blayais, qui a bien failli subir, le 27 décembre 1999, le même sort que celle de Fukushima, lorsque la tempête fit pénétrer par effraction plus de 100 000 mètres cube d’eau dans la centrale.

A Tchernoblaye-sur-Gironde, cette fois-là, seules plusieurs pompes de refroidissement de secours furent mises hors service.

Le 11 mars 2011, les Japonais ont eu moins de chance que les Français. Leur tragédie, nous la partageons d’abord moralement. Notre compassion va en premier lieu aux ouvriers qui sont intervenus ou interviennent sur le site pour tenter d’interrompre le désastre. Leur sacrifice rejoint celui des quelque 600 000 "liquidateurs" de Tchernobyl, dont la moitié sont aujourd’hui décédés ou atteints de cancers.

Il est probable que d’ici quelque temps nous partagerons aussi physiquement le sort des Japonais, à proportion des retombées radioactives qui finiront par se répandre sur tout l’hémisphère nord, comme ce fut le cas pour le nuage de Tchernobyl.

Où qu’elles soient et quelle que soit leur nationalité, les futures victimes de Fukushima sauront sans doute en leur for intérieur à quoi elles doivent d’être tombées malades. Elles ne pourront jamais le prouver : de Tchernobyl à Fukushima, déni de justice et déni de vérité sont et seront la seule réponse donnée par les autorités.

Le drame de Fukushima va-t-il au moins nous servir de leçon pour prendre les mesures qui s’imposent ? Rien de moins sûr en France. Le gouvernement français, applaudi par son "opposition" (sic) au Parlement, à l’exception d’une poignée de députés Verts, se dit prêt à tous les "retours d’expérience" - quelle jolie expression, pour désigner une catastrophe et ceux qui "l’expérimentent" pour nous ! Tous les "retours" sauf un, mais c’est précisément le seul qui vaille : le renoncement pur et simple au nucléaire sous toutes ses formes, civile et militaire.

Comme le disent les eurodéputés d’Europe Ecologie - Les Verts : "Notre solidarité et notre compassion envers les victimes sont totales... Mais notre colère est immense." Cf. Il faut sortir de la folie nucléaire

Ils ont raison, et raison d’exiger la sortie du nucléaire. Il est tout de même regrettable qu’ils se soient cru obligés, pour lutter contre l’effet de serre et le dérèglement climatique, de voter le 25 novembre 2009 la résolution P7_TA(2009)0089 du Parlement européen qui, en son article 36 "souligne que le passage, à l’échelle internationale, à une économie à faible intensité de carbone conférera à l’énergie nucléaire un rôle important dans le bouquet énergétique à moyen terme ; souligne toutefois que les questions relatives à la sûreté et à la sécurité du cycle du combustible nucléaire doivent être abordées de façon adéquate à l’échelle internationale afin de garantir un niveau de sûreté aussi élevé que possible". On aurait grandement préféré que l’ensemble du groupe au Parlement européen suive l’exemple de José Bové qui s’abstint de cautionner une telle déclaration.

"L’insurrection des consciences pour en finir avec la folie nucléaire" ne peut être à géométrie variable. Elle doit s’affranchir des aléas de l’actualité et de l’opportunisme médiatique ou politique.

On ne saurait bien évidemment en confier l’expression et encore moins la réalisation à quelqu’un qui, pendant des années, se serait fait imperturbablement sponsoriser par EDF, n’aurait pas soufflé mot des centrales nucléaires, et en découvrirait soudain la dangerosité, allant jusqu’à réclamer un référendum sur leur possible fermeture.

Mais un référendum, ça ne s’improvise pas du jour au lendemain. Un engagement antinucléaire, non plus.

Réclamer un référendum sur la sortie du nucléaire sous le coup de l’émotion, c’est, d’abord, une forme d’escroquerie morale : que dirait-on d’un référendum sur le rétablissement de la peine de mort qui serait organisé juste après une série de crimes odieux ?

C’est ensuite une irresponsabilité intellectuelle : dans un pays qui puise 80 % de son électricité dans les centrales nucléaires (ce qui ne représente, au demeurant, "que" 17 % de sa consommation énergétique finale, mais c’est déjà beaucoup), il est évident qu’il faut penser très sérieusement les moyens et les étapes qui permettront de s’en passer intégralement. Ces moyens existent, les antinucléaires le savent, mais il faut les explorer, les définir concrètement, les programmer dans le temps, et il existe plusieurs scénarios entre lesquels il faudra choisir.

C’est enfin s’exposer à obtenir le résultat inverse de celui que l’on espère ou que l’on dit souhaiter : il suffit que l’émotion retombe pour que les électeurs préfèrent le statu quo, et ce sera d’autant plus probable qu’on n’aura pas élaboré auparavant un scénario de sortie du nucléaire réellement crédible.

C’est par ailleurs un moyen d’esquiver les mesures d’urgence à prendre comme, par exemple, l’arrêt immédiat de la centrale de Fessenheim, la plus ancienne et la plus dangereuse, la diffusion d’informations précises et vraies sur les risques radioactifs, l’arrêt du chantier EPR de Flamanville, la suspension de tout nouveau projet de centrale, EPR ou pas, y compris à l’exportation.

On a donc du mal à imaginer qu’un personnage qui manifesterait une telle ignorance du sujet nucléaire puisse revendiquer un jour l’investiture "écologiste" pour briguer la magistrature suprême, et encore moins qu’elle lui soit accordée. Chacun aura compris qu’il s’agit là d’une fiction d’opérette. Et la situation est tout, sauf celle d’une opérette.

Qu’exige donc la situation ?

Colère ou compassion ?

Compassion ET colère. Prévoyance et détermination.

Tout le contraire, donc, du suivisme politique, de l’opportunisme médiatique, de l’hypocrisie nucléaire.

Tout le contraire des larmes de crocodile versées par les partisans du nucléaire civil, y compris par certains pacifistes français qu’on préférera, par gentillesse, ne pas nommer. Adversaires des armes nucléaires, il sont depuis toujours contaminés par l’idéologie joliot-curiesque de "l’atome pacifique". Sciemment ou non, ils contribuent beaucoup à entretenir la désinformation, voire diffuser les mensonges des nucléocrates. Ils entretiennent eux-mêmes la division au sein des opposants au nucléaire, facilitant ainsi leur neutralisation au profit du lobby nucléaire. Combien leur faudra-t-il de Tchernobyl pour admettre que l’atome menace bel et bien la survie des humains, à commencer par celle des Japonais ayant échappé au tremblement de terre et au tsunami du 11 mars ?

Il est plus que temps de tirer la seule conclusion possible pour notre pays et pour la planète : il faut sortir, le plus vite possible, du nucléaire militaire et civil.

Le 19 mars 2011,

Jean-Marie Matagne



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