Saintes, le 4 mars 2021
Mesdames, Messieurs les Députés et Sénateurs,
Trois semaines s’étant écoulées sans que votre collègue M. Régis Juanico ait jugé bon d’apporter une réponse à la lettre que je lui avais adressée le 11 février dernier, je la rends publique et la soumets à votre attention, car son objet vous concerne personnellement autant que lui.
C’est donc à vous personnellement que j’adresse, sans doute pour la dernière fois, l’invitation à signer la Proposition Parlementaire de Loi ci-jointe, visant à organiser un référendum sur la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires et radioactives, en conformité avec l’obligation qu’elle a contractée le 2 août 1992 en adhérant au Traité sur la Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP) et à son article VI.
Ce référendum dit "d’initiative partagée" est une faculté que la Constitution de 1958 révisée en 2008 vous offre en son article 11, alinéa 3, et que vous avez non seulement le droit, mais également le devoir d’exercer. En effet, la Constitution exige par plusieurs de ses articles une telle participation de la France, et une énorme majorité des Français (jusqu’à 85 % selon certains sondages) exige à la fois ce respect par la France du droit national et international, et cette consultation démocratique.
Par ailleurs, comme vous le savez peut-être, en 2012 j’ai effectué du 15 mai au 26 juin un jeûne intégral de 42 jours, en vue d’attirer l’attention du nouveau président presse-bouton nucléaire, François Hollande, et de lui demander un référendum sur ce même sujet. Je vous informe qu’à défaut de réactions positives dans les deux mois à venir (avant le 8 mai prochain) de la part d’un nombre suffisant d’entre vous, j’envisage d’entamer à nouveau, à l’âge de 77 ans, une grève de la faim à durée non limitée, afin d’attirer l’attention de nos concitoyens sur cet objectif capital, conforme au droit, au bon sens, à la justice, la paix, l’écologie, l’humanité et la démocratie, mais aussi à la volonté très largement majoritaire du peuple français, y compris celle de vos propres électeurs. Cf. Sondage IFOP
La politique dite de "dissuasion nucléaire" du chef de l’Etat et du gouvernement actuels, comme d’ailleurs de tous leurs prédécesseurs, est totalement inacceptable, pour les multiples raisons, y compris militaires, exposées dans les motifs de la PPL référendaire. Que le Parlement, censé représenter le peuple français, continue à s’en rendre complice par son silence et sa passivité serait encore plus inacceptable.
Veuillez agréer, Mesdames et Messieurs, l’expression de notre foi dans les valeurs de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.
Jean-Marie Matagne
Docteur en Philosophie
Président de l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN)
Action des Citoyens pour le
Désarmement Nucléaire (ACDN)
31, Rue du Cormier – 17100 - SAINTES
Tel : 06 73 50 76 61
contact@acdn.net http://www.acdn.net
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P.J. Proposition de Loi référendaire
et formulaire de soutien
à retourner à contact@acdn.net
Signataires au 1er mars 2021
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Saintes, le 11 février 2021
A Monsieur Régis Juanico,
Député de la Loire,
Assemblée nationale
Monsieur le Député,
Lundi 8 février, j’ai suivi avec attention sur La Chaine Parlementaire (LCP) l’audition publique à laquelle vous avez pris part avec Madame Olivia Grégoire, votre ex-collègue à l’Assemblée nationale devenue Secrétaire d’Etat à l’économie sociale, solidaire et responsable.
Vous l’avez interpellée sur le projet de Revenu Universel, qui vous est cher ainsi qu’à Benoît Hamon - un projet sans doute intéressant, s’il ne s’était accompagné dans le programme présidentiel du même Benoît Hamon par la volonté déclarée de faire passer le budget de la défense de 1,77 % à 3% du PIB, et d’augmenter avant toute chose le rôle et le budget de la force de frappe. En la matière, Benoît Hamon, le cœur sur la main, promettait pire encore que tous les autres candidats, y compris Mme Le Pen, ou M. Macron qui, de ce point de vue hélas, a tenu largement ses promesses. (Cf. ma lettre du 31 janvier 2017 à Benoît Hamon, où vous étiez en copie)
Mais vous avez également interpellé la ministre sur le problème de « l’engagement des bénévoles », mis à mal selon vous par l’insuffisance des soutiens financiers accordés au secteur associatif par le gouvernement (1,3 milliard d’Euros seulement, sur 100 milliards d’aides prévues). Admettons que cette aide ne soit pas suffisante.
Cependant, permettez-moi de vous faire observer que le désengagement des militants associatifs, le profond découragement qui affecte nombre d’entre nous, ne tient pas seulement ni même principalement à des considérations financières. Surtout pas dans les modestes associations humanitaires telles que celle que j’ai l’honneur de présider depuis un quart de siècle, association qui vise à libérer la planète de ces armes diaboliques que sont les armes nucléaires, qui ne reçoit pas la moindre subvention d’Etat (on s’en serait douté...) ni d’ailleurs d’aucune collectivité, et qui par conséquent agit à la sueur de ses seuls bénévoles, sans pouvoir recourir au moindre salarié.
Non, Monsieur le Député, ce qui tue l’engagement de bénévoles associatifs tels que mes amis ou moi-même et qui, pour ce qui me concerne, m’inciterait à prendre ma retraite militante (je n’ai pourtant que 76 ans, deux ans de moins que le nouveau président des Etats-Unis !), non, Monsieur le Député, ce qui pourrait nous conduire à la mort, brutale ou différée, ce n’est pas seulement le COVID, mais ce n’est pas non plus le manque d’argent public. C’est vous et ce sont vos pairs, Monsieur le Député.
C’est l’attitude de parlementaires qui se disent socialistes, ou démocrates, ou républicains pur jus, attachés aux valeurs de la République (vous savez : Liberté, Egalité, Fraternité…), mais ne sont pas fichus de signer une Proposition de Loi visant à organiser un référendum sur la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires et radioactives. (Cf. P.J.) Bref, des députés et sénateurs qui empêchent les Français de faire respecter par la France un engagement qu’elle a pris en 1992 en signant le Traité de Non-Prolifération, et n’a jamais tenu !
Cette Proposition de Loi, vous l’avez reçue un grand nombre de fois depuis mai 2018, comme tous vos collègues parlementaires. En outre, je vous ai personnellement écrit à plusieurs reprises (et vous n’êtes pas seul dans ce cas, loin s’en faut). Autant de messages personnels auxquels vous n’avez jamais répondu, si ce n’est en me faisant expédier par vos assistants la circulaire destinée aux électeurs de votre circonscription afin de préparer votre prochaine réélection.
Et pourtant, 50 de vos collègues appartenant à 14 groupes parlementaires ont d’ores et déjà signé cette Proposition de Loi. Et pourtant, 85 % des Français sont d’accord avec elle, d’après un sondage de l’IFOP. Ils veulent répondre OUI à la question que cette loi demande de leur poser, et ils veulent qu’on la leur pose ! Quelle impudence, n’est-ce pas ?
Je vous le dis franchement, Monsieur le Député, si un gouffre sépare le Parlement qui finance vos fins de mois des Français que vous êtes censé représenter, si les électeurs se détournent des urnes, si la démocratie française est en train de péricliter, que dis-je, de périr, et si l’humanité est aujourd’hui à 100 secondes de minuit d’après l’Horloge de l’Apocalypse que tiennent les savants atomistes, bref, si nous courons à notre perte entre désastres climatique, écologique, énergétique, alimentaire, famélique, social, sanitaire, démocratique, et bien sûr radioactif et nucléaire, c’est, j’ai le regret de vous le dire, à cause de "responsables" tels que vous.
Vous n’êtes pas seul, hélas, à faire la sourde oreille dans ce Parlement de faux humanistes… (même si tous ne le sont pas, heureusement, car il y eut des Justes même sous l’occupation nazie), bref de gens plus soucieux de leur propre sort que de celui des autres. Et le pire, c’est que vous n’êtes pas le pire ! Vous avez l’air de vous préoccuper sincèrement, permettez-moi cette esquisse de sympathie, des conditions de survie auxquelles notre jeunesse est soumise en ces temps horrifiques de COVID !
Mais alors, quand donc comprendrez-vous que l’avenir de ces jeunes -nos enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants- ne dépend pas seulement du RSA que l’on devrait évidemment leur attribuer - à défaut de faire mieux ? Que survivre dans un monde radioactif, avec ou sans RSA, c’est littéralement invivable ? Qu’au bout du compte, un monde atomisé est un monde jonché de cadavres, de blessés, de torturés, de zombies ? Et que nous sommes dans le couloir de la mort ?
Dès lors, cette question m’assaille : à quoi bon avoir passé 60 ans de ma vie à tenter d’améliorer ce monde par toutes sortes d’engagements, si c’est pour aboutir à un si triste résultat ? En désespoir de cause, le peu de temps qu’il me reste à vivre, je vais le passer à sommer les esprits tels que vous d’accorder leurs actes à leurs paroles ! A part la vie, je n’ai plus rien à perdre, ayant déjà perdu ce que j’avais de plus cher au monde, pour avoir voulu vous faire confiance, à vous et vos collègues, pour avoir cru en votre capacité d’accéder au bon sens -probablement une naïveté de philosophe-, pour avoir simplement cru en votre humanité.
Il ne vous reste plus, Monsieur le Député, qu’un moyen de vous faire pardonner : signez la Proposition de Loi ! J’en dis autant à toutes et tous vos collègues frappés comme vous de mutisme, d’indifférence, d’inconscience, et ce, quelle que soit leur étiquette politique. Signez ! Cette objurgation, nous ne la faisons pas au nom de Dieu, d’Allah ou de Yawhé, nous la faisons au nom d’êtres humains et d’êtres vivants bien concrets, de chair et de sang.
A défaut, vous auriez toutes et tous à répondre un jour devant un nouveau Tribunal de Nuremberg - s’il doit en exister un - de votre complicité avec l’horrible crime contre l’humanité que la France nucléaire et ses comparses préparent avec notre argent, mais grâce à vos votes et à votre silence. En tout cas, c’est sûr, vous aurez à en répondre à vos enfants, si tant est qu’ils survivent avec vous et avec les malheureux jeunes que vous dites défendre.
Pour la dernière fois, Monsieur le Député, mais cette fois sans délai, j’attends votre réponse.
Jean-Marie Matagne
Président de l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN)
Agrégé de Philosophie, Docteur d’Etat
Père et grand-père
Parisien de naissance, Charentais d’adoption, Français de souche et Citoyen du monde
P.J. : Lettre du 31 janvier 2017 à Benoît Hamon, député de gauche, candidat pour la bombe atomique