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La 8e Conférence de révision du TNP adopte à l’unanimité une déclaration finale

Communiqué d’ACDN


Publié le 29 mai 2010

Les délégations diplomatiques des 189 Etats membres du Traité de Non Prolifération nucléaire (TNP), réunies à New York au siège de l’ONU depuis le 3 mai 2010, se sont séparées vendredi 28 mai après avoir adopté par consensus un document de 28 pages, au terme de quatre semaines de négociations intenses.


Les 5 Etats dotés d’armes nucléaires -Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine- se sont engagés à « accélérer la progression sur les étapes conduisant au désarmement nucléaire », à « réduire le rôle et l’importance des armes nucléaires », à « tenir leur engagement sans équivoque d’aboutir à l’élimination totale de leurs arsenaux nucléaires ».

Le document appelle le secrétaire général de l’ONU et les auteurs de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient à convoquer en 2012 une conférence « où tous les Etats du Moyen-Orient seront conviés, en vue d’y établir une zone exempte d’armes de nucléaires et de tous types d’armes de destruction massive ».

Israël, l’un des trois Etats nucléaires officieux, avec l’Inde et le Pakistan, à n’avoir jamais signé le TNP, et le seul Etat à détenir des armes nucléaires au Moyen-Orient sans toutefois le reconnaître officiellement, est expressément désigné comme devant prendre part à cette conférence, et invité dès à présent à « soumettre toutes ses installations nucléaires aux garanties de sécurité de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) ». La délégation des Etats-Unis a accédé au dernier moment à la demande des pays arabes et des Etats Non Alignés de nommer Israël.

La Corée du Nord, qui s’est retirée du TNP après avoir acquis l’arme nucléaire, est appelée à revenir à la table de négociations. L’Iran, soupçonné de vouloir se procurer l’arme nucléaire, n’en est pas expressément accusé.

Ce résultat n’a été possible que par des concessions mutuelles. Il tranche sur celui de la précédente conférence de révision du TNP qui, en 2005, s’était séparée sans avoir pu adopter de texte commun.

Il est vrai que les ONG et certains Etats non nucléaires qui auraient voulu voir les Etats nucléaires s’engager dès maintenant dans un processus conduisant à une convention d’abolition des armes nucléaires assortie d’un calendrier de mise en oeuvre ont de quoi être déçus.

Dans l’ensemble cependant, selon le président de la Conférence, l’ambassadeur philippin, ce document a été "soigneusement équilibré pour refléter les demandes de toutes les parties" et son adoption devrait "permettre aux graines d’espérance semées tout au long de la conférence de porter leur fruit".

Le texte réaffirme le droit de tous les Etats d’accéder à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il encourage la diffusion de la technologie nucléaire et des matériaux fissiles, sous un contrôle renforcé de l’AIEA (mais sans obligation de signer des "protocoles additionnels"). Il tente donc la gageure de faire coexister dans les années à venir une réduction du nombre des armes nucléaires et une augmentation du nombre des réacteurs de puissance.

La nouvelle est franchement mauvaise pour les ONG que préoccupent à la fois les risques de détournement à des fins militaires, les risques d’attentat terroriste et d’accident majeur du type de Tchernobyl, et les effets permanents des rejets et des déchets radioactifs sur la santé, l’environnement et l’existence des générations présentes et futures. A leurs yeux, le "troisième pilier" du TNP (le nucléaire civil, avec le désarmement et la non-prolifération) devrait être abattu pour faire place aux énergies renouvelables et à la sobriété énergétique.

Rappelons que l’électricité d’origine nucléaire couvre à peine 3% de la consommation énergétique mondiale et que dans 50 ans les gisements d’uranium seront pratiquement tous épuisés, tandis que les déchets de plutonium 239 conserveront encore la moitié de leur radioactivité au bout de 24 400 ans, et ceux d’Uranium 238 au bout de 4,5 milliards d’années.