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L’Action des citoyens rendra-t-elle les armes ?

Par Dominique Paries, "Sud Ouest"


Publié le 11 juin 2010

NUCLEAIRE. Depuis un quart de siècle, Jean-Marie Matagne milite pour un désarmement mondial. Mais son combat a peu gagné en audience.

Sud Ouest, 10 juin 2010

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Jean-Marie Matagne : « La situation est extrêmement grave au plan mondial et elle exige un sursaut de la société civile ». PHOTO DOMINIQUE PARIES

A Léonce-Vieljeux (La Rochelle) comme à Bernard-Palissy (Saintes), il a longtemps enseigné la philosophie à des lycéens engagés dans des filières techniques. Il fut aussi le créateur du lycée expérimental pédagogique maritime d’Oléron, devenu le Cepmo (1). Mais à Saintes, Jean-Marie Matagne est d’abord connu pour son engagement en faveur du désarmement nucléaire. Il défend cette cause depuis près d’un quart de siècle et il a pris la tête, en mai 1996, d’une association baptisée Action des citoyens pour le désarmement nucléaire (ACDN).

Quatorze ans après sa création, ACDN compte une centaine de militants répartis dans une trentaine de départements différents. À deux jours de l’assemblée générale statutaire, à Saintes, Jean-Marie Matagne s’interroge sur l’audience auprès du grand public et, par là même, sur l’efficacité de l’association et de son propre combat. De fait, les citoyens se mobilisent peu sur cette question du désarmement nucléaire que l’enseignant en philosophie, aujourd’hui retraité, juge pourtant primordiale.

Aux yeux de Jean-Marie Matagne, le désarmement nucléaire, l’environnement, la justice sociale, l’emploi sont autant de combats à mener de front, de façon collective et groupée. Dans un souci d’efficacité, le président d’ACDN, qui se dit éloigné des querelles de chapelles, souhaite donc « élargir la problématique. »

Sera-t-il suivi ou ACDN, au bord de l’essoufflement, finira-t-elle par se saborder ? L’assemblée générale en débattra samedi.

Rencontres à New York

Jean-Marie Matagne n’en demeure pas moins mobilisé sur son combat de toujours. En mai, il s’est rendu une semaine à New York afin d’assister à la Conférence de révision du traité de non-prolifération des armes nucléaires, qui se tenait au siège de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Le président d’ACDN a pris part aux séances ouvertes aux représentants d’organisations non gouvernementales (ONG), au sein d’une délégation de 200 Français, dont nombre de membres du Mouvement de la paix.

Une pétition

À New York, Jean-Marie Matagne a multiplié les rencontres, les échanges afin d’obtenir des signatures au bas d’une pétition qu’il a adressée, à son retour, au président de la République.

Les signataires (2), au nombre d’une centaine à ce jour, demandent à Nicolas Sarkozy « d’engager la France résolument et sans délai dans un processus d’élimination de toutes les armes nucléaires, sous un contrôle strict et efficace, dans le cadre d’un véritable système de sécurité internationale. »

Les pétitionnaires invitent également le chef de l’État à consulter les Français par référendum sur le renoncement du pays à sa stratégie de dissuasion nucléaire et le démantèlement de la force de frappe.

« Prolifération verticale »

Selon Jean-Marie Matagne, la France n’est pas encore engagée dans cette voie alors que les États-Unis et la Russie se sont mis d’accord sur la diminution de leur arsenal nucléaire respectif.

« La force de frappe nucléaire française représente 1,5 % du total des armes nucléaires mondiales. Mais elle pourrait éliminer 500 millions à un milliard de personnes sur la planète. En se dotant d’un quatrième sous-marin nucléaire, « le Terrible », équipé des nouveaux missiles M. 51, la France s’inscrit, aujourd’hui, dans une prolifération verticale de son arsenal nucléaire et non pas dans une diminution de cet arsenal », affirme le président d’ACDN.

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(1) Cepmo : Centre expérimental polyvalent et maritime en Oléron.

(2) Parmi ces signataires, figurent Colin Archer et Tomas Magnusson, secrétaire général et président du Bureau international de la paix, ou Rosalie Bertell, une religieuse américaine de 81 ans très engagée dans la protection de l’environnement et de la santé.


Une convergence « réjouissante »

(ACDN) se réjouit de la convergence entre la Journée mondiale de l’environnement et la Journée mondiale pour l’abolition des armes nucléaires, toutes deux célébrées, cette année, le samedi 5 juin.

« On ne peut pas préserver l’environnement naturel et humain en maintenant la planète sous la menace de sa destruction par des armes dont la puissance permettrait d’anéantir cinq à dix fois les 6 milliards d’êtres humains, ni sous l’effet insidieux et permanent d’émissions radioactives d’origine civile et militaire », plaide Jean-Marie Matagne.

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Katell Pierre en Terre Adélie

Pour "faire le lien entre la protection de la nature, le désarmement, les alternatives au nucléaire et le venue d’un monde plus humain, plus juste et pacifique", ACDN organise une conférence-débat sur le thème « la terre en héritage » le samedi 12 juin, à 15h 30, à la salle Saintonge.

Logisticienne pour la campagne d’été de l’Institut polaire Paul-Emile Victor en Terre-Adélie depuis 2005, la bretonne Katell Pierre évoquera, à cette occasion, l’Antarctique, « continent des extrêmes et témoin de la planète ». Elle projettera des images de la faune antarctique et de la base scientifique Concordia, dont elle assure le ravitaillement.