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Blocage d’un transport nucléaire : une militante coupable mais pas condamnée

Publié le 21 février 2014

Narbonne (AFP), 21/02/2012 - Le tribunal correctionnel de Narbonne (Aude) a reconnu jeudi une militante antinucléaire coupable d’avoir bloqué un transport de tétrafluorure d’uranium destiné au site nucléaire du Tricastin (Drôme), mais l’a dispensée de peine.

Terry Morantin a été jugée coupable d’infraction au code de la route pour avoir participé au barrage d’un camion chargé d’UF4 à sa sortie de l’usine Comurhex de Malvési, près de Narbonne, le 12 septembre 2013.

Comurhex, filiale d’Areva, procède sur le site de Malvési à la conversion de minerai d’uranium naturel en tétrafluorure d’uranium, première étape de la transformation menant à terme à la production de combustible pour les centrales civiles. L’uranium continue à être transformé à l’usine Comurhex du Tricastin.

L’action du 12 septembre, destinée à alerter l’opinion sur la dangerosité de tels transports, était collective. Mais Terry Morantin était seule poursuivie pour entrave à la circulation en tant que propriétaire et conductrice du véhicule qui avait barré la route au camion de transport nucléaire.

Vingt-deux autres activistes réclamaient d’être jugés avec elle, pour montrer qu’ils étaient solidaires et qu’il s’agissait bien d’une action de groupe. Cette demande avait conduit le juge à renvoyer une première audience le 7 janvier.

La plupart d’entre eux étaient à nouveau présents jeudi au procès, ainsi que plusieurs dizaines de sympathisants de leur cause.

Le juge a finalement décidé de rejeter leur demande de comparution volontaire.

Le procureur David Charmatz a requis que Terry Morantin soit reconnue coupable puisque l’infraction était selon lui constituée, mais qu’elle soit dispensée de peine. L’avocat de Terry Morantin, Me Jean-Jacques Gandini, a plaidé la relaxe en invoquant un état de nécessité, en l’occurrence celui de lancer l’alerte, qui permettait d’aller au-delà de la loi.

Les manifestants appartenant au collectif Stop Uranium et à d’autres organisations antinucléaires entendaient alerter l’opinion sur le fait que, selon eux, plusieurs camions transportant du tétrafluorure d’uranium empruntaient quotidiennement les autoroutes A7 et A9 sans protection particulière et dans une totale opacité. Ils réclamaient la fermeture au plus vite de l’usine de Malvési.

Le réseau Sortir du nucléaire, qui revendique de fédérer 930 associations et 59.000 personnes, s’est réjoui dans un communiqué d’une absence de condamnation qui "revient à reconnaître (la) légitimité" de l’action du 12 septembre, même s’il déplore qu’en réduisant les faits à une simple infraction routière, le tribunal ait "occulté (leur) caractère collectif et politique".

La direction du site objecte aux antinucléaires que l’activité de Malvési, ainsi que le transport d’uranium, sont soumis à des réglementations spécifiques et strictes et font l’objet d’une communication active et transparente en direction de l’opinion.

Terry Morantin risque à présent d’être sanctionnée par l’administration d’une perte de points sur son permis.