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Le professeur Vasily Nesterenko est mort

Publié le 25 août 2008

L’équipe de l’Institut BELRAD a le profond regret d’annoncer la mort de son directeur, le professeur Vassily Nesterenko, le 25 août 2008. ACDN s’associe à sa peine et à celle de ses proches.


Très fortement irradié au moment de Tchernobyl, (il avait survolé en hélicoptère le réacteur en feu)
Vasily Nesterenko avait une santé précaire ; il en parle un peu dans une interview filmée. Néanmoins les tracas et la persécution dont a dû se défendre l’institut BELRAD qu’il avait fondé n’ont pas dû être pour rien dans sa mort.

Témoignage :

"En survolant le réacteur à l’aube du 1 mai avec l’académicien Legassov, nous réussîmes à mesurer le débit de dose sur le toit du réacteur qui était de 12000-14000 R/h (la dose mortelle pour un homme est de 600 R). Pendant le survol du réacteur d’abord à 300 m. d’altitude, puis à 150 m. le débit de dose à l’intérieur de l’hélicoptère s’était élevé respectivement jusqu’à 100-400 R/h."L’altitude et la protection de l’habitacle de l’hélicoptère expliquent la différence.

"Nesterenko, dont l’organisme est particulièrement résistant à la radioactivité, est le seul survivant des 4 qu’ils étaient dans l’hélicoptère.

"Il n’est pas "revenu indemne". Il a failli mourir au cours du traitement intensif subi immédiatement après le survol. Ses systèmes cardiovasculaire et digestif sont gravement compromis. Depuis 20 ans, le nombre d’aliments qu’il peut digérer est compté sur les doigts d’une seule main. Il avale avec mesure ceux pour lesquels il n’a plus de ferments (donc pas assimilables, qui fermentent dans l’estomac et le brûlent), les tient le temps supportable et nécessaire pour retenir ce qu’il peut de vitamines et d’oligoéléments, puis procède à un "lavement" : il les vomit. Il voyage toujours avec 2 litres d’eau nécessaires pour cet exercice. C’est un bon vivant, qui aime manger et aimerait "boire" (impossible). Ma conviction personnelle est qu’il est encore vivant parce que doué d’une grande force morale, d’une joie de vivre et d’un incurable optimisme, absolument paradoxal dans le contexte et dans les conditions impossibles qu’il affronte chaque jour pour continuer à se battre pour les enfants contaminés."

Wladimir Tchertkoff