Madeleine Chapsal a vécu une longue et riche vie d’écrivaine et de journaliste, notamment à L’Express. Elle a été l’épouse de Jean-Jacques Servan-Schreiber de 1947 à 1960, et en est restée très proche jusqu’à sa mort en 2006. En 2008, elle a participé aux 3e Rencontres Internationales pour le Désarmement Nucléaire, Biologique et Chimique (RID-NBC) qui se sont tenues à Saintes du 9 au 11 mai, à deux pas de chez elle. A cette occasion, elle a laissé son témoignage pour le film "Désarmer pour vivre", produit par l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN), qui organisait ces rencontres.
Voici son témoignage.

Madeleine Chapsal. Il se trouve que j’habite Saintes depuis quatre générations, si je puis dire, et quand j’ai su que des Rencontres avaient lieu là, en plus dans la rue qui porte le nom de mon grand-père, la rue Chapsal, j’y suis allée, d’autant plus intéressée que mon ex-mari, qui était Jean-Jacques Servan-Schreiber, lequel est décédé il y a deux ans, avait écrit là-dessus -j’ai apporté des livres- et surtout s’était battu contre les essais nucléaires dans le Pacifique. Il venait juste d’être nommé ministre des Réformes dans le gouvernement Chirac, il est parti à Papeete avec le général de Bollardière, le père Avril, un autre religieux, des députés, et il a fait savoir ce qu’il en pensait un peu partout -il avait entre autres l’Express- et quand il est revenu, quand il est revenu à Paris, il a été dégommé. On lui a demandé de donner sa démission, sous prétexte qu’il n’avait pas respecté le devoir de réserve. Mais quand on lit tout ce qu’il écrit dans son livre, qui s’appelle Les Fossoyeurs, qui est paru chez Fixot en 93, on s’aperçoit qu’on n’a pas beaucoup avancé, dans tous les cas en France. Et l’un de ses arguments-clefs, c’est que la puissance des militaires et de l’industrie militaire, de la sous-traitance des armements, est tellement puissante que même les politiques les mieux intentionnés ont beaucoup de mal à s’y opposer, hélas.

ACDN-Mikaël Mounier. Oui, c’est effectivement des choses qui sont dénoncées depuis beaucoup d’années. On peut prendre le cas d’Eisenhower en 53 qui dénonçait l’influence croissante du lobby militaro-industriel.

MC. Il en a parlé, Jean-Jacques, dans son livre, effectivement…

ACDN-MM. On voit effectivement, actuellement, que 55 ans après, ça n’a fait que s’accroître, avec des conséquences pour la vérité, la démocratie et la paix dans le monde qui sont désastreuses.

MC. Parce qu’il y a une désinformation terrible, et c’est contre ça que ces Rencontres veulent lutter, c’est contre la désinformation. Et moi je mets de l’espoir dans Internet, ça sert déjà à beaucoup de choses, Internet, des bonnes et des mauvaises. Mais ça peut servir à ce que des gens isolés, des individus qui partagent nos convictions, qui savent le mal que peut faire la moindre explosion atomique et même déjà les centrales nucléaires, ils peuvent se réunir, ils vont pouvoir causer entre eux, ils vont pouvoir faire un mouvement. Et il me semble que ça ne viendra pas des politiques, mais que ça viendra des populations puisque personne n’a envie qu’il lui arrive ce qui s’est passé à Hiroshima ou même à Tchernobyl. C’est atroce.

Plus tard, dans un atelier des Rencontres, elle rapporte à propos de JJSS : « Il était grand-Croix de la Légion d’honneur. Il était tellement scandalisé par ces essais nucléaires et même aussi par ce qui s’était passé en Algérie qu’il a rendu sa légion d’honneur. »

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* "Désarmer pour vivre !" DVD bilingue français-anglais. 83 minutes.
Commande : ACDN, 31 rue du Cormier, 17100 - Saintes
Prix : 15 €, frais d’envoi compris. Chèque à l’ordre de : ACDN.

Eliminer toutes les armes nucléaires ? A Prague, en avril 2009, Barack Obama proclame : "Oui, nous le pouvons !"
Un an plus tôt, les citoyens d’une vingtaine de pays réunis à Saintes (France) étaient arrivés à la même conclusion.
"Désarmer pour vivre !" raconte ces étonnantes Rencontres : un physicien croate, un diplomate cubain, un ambassadeur d’Iran qui répond à un pacifiste israélien, une chanteuse chilienne, un clown britannique...
Et bien d’autres voix saisissantes, d’ici ou des antipodes.
Un partage de vérité, d’espoir, de vie. Un autre monde qui se dessine.