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La Marche Mondiale au pays de "la violencia"
Le conte d’Anderson
par Isabelle Bourgeois


Publié le 17 décembre 2009

Bogotá, 17 décembre 2009


Ce soir, j’ai vécu, sans hésiter, le moment le plus fort de « ma » Marche.

Déjà, dans la journée, notre Marche locale a été largement suivie par des milliers de Colombiens venus soutenir notre cause. Une marée humaine à perte de vue a traversé les rues de Bogotá.

En terme de superficie, Bogotá est la plus grande ville en Colombie et son altitude (2.640 mètres) fait d’elle la troisième plus haute ville dans le monde, après La Paz et Quito.

Une telle mobilisation populaire s’explique simplement : avec les cartels des trafiquants de drogue, les commandos de la guérilla, les escadrons de la mort et les tueurs à gages qui négocient leurs services dans les rues de Medellín ou de Cali, la Colombie est connue comme un des symboles de la violence organisée. Au quotidien, c’est également un pays où le règlement des conflits par la violence est un phénomène banalisé. Au total, avec un taux d’homicides de plus de 75 pour 100 000 habitants, elle est loin devant les autres pays d’Amérique latine dont ce taux s’établit autour de 20 pour 100 000. Il n’y a pas un Colombien qui n’a pas été directement touché par la criminalité et ses conséquences.

Après une dizaine de kilomètres, le public se rend dans un parc où un méga concert pour les jeunes a été organisé gratuitement pour l’occasion. L’équipe de base s’éclipse une petite heure pour aller déjeuner dans le jardin botanique de la ville où je mange l’une des meilleures soupes de ma vie ! Puis les organisateurs nous font la surprise de nous faire visiter un papillorama. Je me croirais en plein conte de fées avec des centaines de papillons multicolores qui viennent se déposer sur nous, nos épaules, nos cheveux et nos mains. Je retiens mon souffle pour les filmer...

Ensuite, nous retrouvons le public sur le lieu du concert donné par 5 groupes et chanteurs vedettes de Colombie. L’un d’eux, Pipe Bueno, soulève les hurlements de la foule et est l’un de nos meilleurs ambassadeurs de la paix auprès de la jeunesse.

Après deux heures de concert, je me retire un instant sous une tente à l’attention des marcheurs et des artistes. Quand tout à coup, une horde d’enfants envahit joyeusement l’espace. Ce sont 38 enfants sélectionnés parmi les meilleurs élèves de la ville de Popayan, à 2 heures d’avion. Chacun d’eux, étant le meilleur de son école (38 établissements), a reçu le cadeau de venir assister à ce concert pour la paix, à Bogota. La plupart sont de conditions très modestes et ne mangent qu’une fois par jour.

Parmi eux, j’ai rencontré un ange. Anderson, 10 ans, est venu s’assoir à côté de moi. Je lui ai dit que j’avais fait tout le parcours de la Marche, que je l’avais fait pour lui, pour les enfants comme lui, pour leur laisser un monde un peu meilleur (peut-être) que celui dont nous avons hérité. Anderson m’a prise dans ses bras, m’a serré très fort et m’a dit : « Merci merci d’avoir fait cela pour nous car nous ne voulons plus vivre dans la violence. Nous voulons vivre dans un monde de paix et d’amour. Nous voulons un nouveau monde. Votre nom, c’est Isabelle comme la reine d’Espagne ! Et bien pour moi, vous êtes ma reine et je ne vous oublierai jamais ! La Colombie vous aime et nous voulons la paix ! » m’a-t-il confié en séchant discrètement ses larmes. Je l’ai pris à mon tour dans mes bras et j’ai pleuré avec lui. Nous avons pleuré ensemble et d’autres enfants sont venus nous rejoindre et nous enlacer avec émotion. A cet instant, il n’y avait pas de « grands » et de « petits », d’adultes et d’enfants, de marcheurs et de non marcheurs. Nous faisions UN avec l’univers et nous étions dans un état de communion totale, sur un autre plan, dans une dimension où les mots n’existent plus. C’est difficile à expliquer... mais c’était de l’ordre de l’expérience mystique.

Cet instant de tendresse et de gratitude, ces baisers échangés entre moi et ces petits ont justifié mes efforts, ma fatigue, mes instants de doute ou de lassitude. Non seulement Anderson et ses camarades ont donné du sens à mes pas (ils en avaient déjà beaucoup...) mais ils m’ont donné aussi la détermination de passer le reste de ma vie à promouvoir la paix. Quand j’ai demandé à Anderson ce qu’il souhaitait faire plus tard pour la paix, il m’a répondu : "marcher !". J’ai été bouleversée par l’intelligence et la vivacité de ce jeune garçon, par la gravité de ses paroles et la profondeur de son regard. Pia, directrice de l’agence de presse Pressenza pour laquelle je travaille, a été témoin de la scène, très émue elle aussi. Alors, elle m’a dit : « Tu vois Isabelle, tu as trouvé ici ce que tu étais venu chercher : la réconciliation. Il y a 30 ans, ton père a été pris en otage à Bogota et a été séquestré dans la violence. Ce soir, à travers les baisers et les bras de cet enfant, c’est toute la Colombie qui demande pardon. »

A peine ressaisie, je suis repartie avec les enfants devant la scène où nous nous sommes mis à danser avec une joie infinie ! J’ai dansé avec Anderson et ses camarades jusqu’à l’épuisement ou presque. Je crois que je peux avouer sans réserve ce soir que je n’ai jamais contacté "Dieu" d’aussi près qu’à travers l’étreinte de cet enfant. Un instant, elle m’a éveillée. Dix secondes qui ont changé ma vie. Dieu n’est ni dans les églises ni au Ciel mais il siège dans le « sacré-cœur » de l’homme. Il se manifeste sur le lieu de notre communion les uns aux autres. C’est mon conte d’Anderson...

Isabelle Bourgeois


Un commentaire...

17 décembre 2009 à 13 h 14 min, Christine dit :

Merci mille fois, Isabelle, pour ce superbe témoignage et de prendre le temps de nous le faire partager... C’est vraiment important. Ce que j’aime dans tous tes articles, c’est que tu nous décris la façon dont les évènements te touchent particulièrement et les rapports que tu as avec les gens ou comment tu les ressens, c’est-à-dire que ce n’est pas seulement du descriptif, tu parles avec ton coeur et du coup ça a beaucoup plus de portée... C’est comme cela que l’on fera avancer la paix en osant aborder les autres avec le coeur, nous, particulièrement les occidentaux et surtout les français qui sommes tellement portés sur l’intellect...

Encore merci, bon courage, continue bien ta route avec tes compagnons de l’équipe de base, à bientôt, très chaleureusement.

Christine


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