Communiqué de presse de la section syndicale CGT de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine.
Objet : incident du 30 septembre 2005 sur le réacteur n°1.
Le vendredi 30 septembre 2005 s’est produit un incident sur le réacteur n°1 de la centrale.
Cet incident a déclenché le Plan d’Urgence Interne et le plan national d’urgence.
Le contexte de l’incident :
Cet incident s’est produit au redémarage de la tranche 1 après un arrêt marqué par une pression temporelle toujours plus grande.
Les causes de cet incident :
Des locaux contenant des matériels électriques et électroniques asservis au pilotage du réacteur et aux systèmes de secours ont été partiellement inondés.
L’arrosage d’armoires électriques a déclenché intempestivement le démarrage d’un circuit de secours.
Ce dernier élément démontre que cet incident aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus graves pour la sûreté et la maîtrise du pilotage du réacteur si d’autres matériels avaient été endommagés, en raison de fuites d’eau plus importantes.
Informés par la Direction seulement 4 heures après l’incident, les représentants CGT ont demandé rapidement la réalisation d’une visite du CHSCT (Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail). Au cours de cette visite, les représentants, en présence de la Direction, ont découvert dans ces locaux la présence de dispositifs "improvisés", souvent scotchés au plafond , apparemment destinés à récupérer et à contenir d’éventuelles fuites d’eau.
On en connaît aujourd’hui l’efficacité.
Des protections en plexiglass collées sur le dessus de certaines armoires électriques ont été également photographiées. Des dispositifs similaires ont été identifiés dans les mêmes locaux de la tranche n°2. Leur existence démontre que le problème était connu depuis une dizaine d’années.
Cet incident indique que durant tout ce temps, tous les investissements nécessaires n’ont pas été réalisés pour se dédouaner d’un risque majeur pour la sûreté des installations.
On peut également se demander comment les autorités ont pu ignorer ou comment elles ont pu ne pas être informées de ces écarts lors des nombreuses inspections réalisées sur le site.
Suite à cette visite les représentants du CHSCT ont déposé un droit d’alerte et de retrait pour danger grave et imminent et exiger ainsi de la direction qu’elle mette les deux réacteurs dans un état de sûreté maximale.
Pour la CGT, ce genre d’incident risque de se répéter. En effet, comme en témoigne cet évènement, la réduction des coûts, les reculs en matière de maintenance et d’entretien ne se font pas forcément sentir immédiatement mais ils fragilisent petit à petit et en profondeur la sûreté des installations et la sécurité des citoyens. La privatisation d’EDF, si elle se faisait, adossée à la rentabilité financière due aux actionnaires, accélérerait sans aucun doute ce processus.
C’est d’ailleurs pour anticiper cette démarche que les Directions d’EDF ont annoncé au travers du "plan Altitude 7500", un nouveau plan d’austérité financière et de réduction d’emploi. La CGT a interpellé à de nombreuses reprises les directions et le gouvernement sur les conséquences de cette politique et une dégradation des conditions d’exploitation du nucléaire en France.
Localement, la CGT et le personnel dénoncent depuis plusieurs années les dérives de cette situation marquée par une augmentation constante des accidents du travail et de leur taux de fréquence.
De plus, les nombreux droits d’alerte déposés dans la période attestent de la dégradation du matériel.
Fort heureusement jusqu’à présent, c’est le professionnalisme et la réactivité des agents qui ont permis d’éviter le pire et ce, dans des conditions de travail de plus en plus précaires. Pourront-ils continuer longtemps à se substituer aux carences ?
A noter que ce sont souvent ces mêmes agents qui combattent sans relâche la politique du gouvernement et des directions.
Eu égard à l’importance de cet événement il est fort probable que les autorités nationales engagent un retour d’expérience sur l’ensemble du parc nucléaire.
Enfin, 3 jours après la "journée Sûreté" organisée sur le site, cet incident démontre qu’il ne suffit pas de faire de la "com" pour se donner bonne conscience.