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Un séisme incongru, de magnitude 5 selon le CEA, frappe à la porte de la centrale atomique du Blayais
" Dormez tranquilles, braves gens ! "


Publié le 21 mars 2019

Le 20 mars 2019, le journal Sud-Ouest consacre plusieurs articles au séisme qui a secoué la région le matin même. Ils méritent toute notre attention.

A 11h 07, le journal publie à la Une de son édition en ligne un article titré :
" Tremblement de terre de magnitude 4,9 dans le Sud-Ouest "
Cet article est mis à jour à 15h. Sous la carte :


L’épicentre du séisme se trouve entre le sud de la Charente-Maritime et le nord de la Gironde. Capture Bureau Central Sismologique Français

on peut lire :

« L’épicentre se trouve à la frontière de la Gironde, de la Charente et de la Charente-Maritime.

« Un séisme de magnitude 4,9 s’est produit ce mercredi matin à 10h56 à la frontière entre la Charente, la Gironde et la Charente-Maritime.

« Initialement détecté à 33 kilomètres de Coutras, le séisme a ensuite été validé par un analyste du Réseau National de surveillance sismique (RéNass), qui l’a localisé à 34 kilomètres de Pauillac et 32 km de Blaye, en Gironde, 24 km de Barbezieux, en Charente, 18 km de Jonzac et 5 km de Montendre, en Charente-Maritime, ainsi que 33 km de La Roche-Chalais, en Dordogne. L’épicentre, d’abord donné à une profondeur de 10 km, a ensuite été annoncé à 6 km de profondeur. Le bâtiment du journal "Sud Ouest", situé sur la rive droite de Bordeaux, a d’ailleurs vibré pendant quelques secondes, à la surprise générale.

"Relativement exceptionnel" dans cette zone

« Un second séisme, de moindre intensité, 2,8 sur l’échelle de Richter, s’est ensuite produit au même endroit, à 11h29. (…) Selon la cartographie du ministère de l’Environnement, la Gironde est située dans une zone à faible risque, alors que certaines parties de la Charente-Maritime et de la Charente sont en zone à risque modéré. »

4,9 correspond à la première estimation du Bureau central sismologique français (BCSF), auquel le journal renvoie. Mais à 12h 01, le Laboratoire de Détection et de Géophysique (LDG) dépendant du Commissariat à l’Energie Atomique publie son Avis N° 266, où il est dit que le séisme était de Magnitude 5. Le CEA n’est pourtant pas connu pour son catastrophisme...

Alors, 4,9 ou 5 ?

Certes, la différence est mince. En valeur absolue, sans doute, même si les déciles n’ont pas la même valeur en bas, au milieu ou en haut de l’échelle de Richter. Mais pas en termes de perception psychologique. C’est comme pour les prix : 4,9, c’est nettement moins que 5 ! Plus rassurant, donc... D’autant que la magnitude 5 est justement le niveau de l’échelle à partir duquel un séisme commence à devenir sérieux, rare, et potentiellement destructeur.

Un deuxième article de Sud Ouest publié à 12h 16, Carte. Où sont situées les zones sismiques en France ? en apporte la preuve :

« Quelque 600 séismes se produisent en France tous les ans, mais seulement dix à quinze sont ressentis par la population, et rares sont ceux qui, en métropole, ont une magnitude égale ou supérieure à 5. » (Nous soulignons.)

« Depuis 1967, selon les données du BRGM, une douzaine de séismes d’intensité supérieure à 5 ont été ressentis en métropole. Le précédent, d’une intensité de 5,2, a été ressenti dans la région de Gap le 7 avril 2014. Un autre de même intensité avait été ressenti en Corse le 7 juillet 2011.

« Le dernier séisme meurtrier, d’une magnitude supérieure à 5 degrés, s’est produit à Arette (Pyrénées-Atlantiques) le 13 août 1967, faisant un mort et plusieurs blessés et détruisant 340 maisons."

Sud Ouest publie un troisième article à 13h43, mis à jour à 14h56 et titré :

Séisme : "Un événement exceptionnel" dans cette zone du Sud-Ouest, "le premier depuis 1759 »

C’est ce que révèle Jérôme Vergne, sismologue au BCSF, à qui le journal donne à nouveau la parole et qui déclare :

« Le séisme ressenti ce mercredi est probablement dû à "une rupture d’une des anciennes failles créées il y a plusieurs millions d’années". "Ce séisme est relativement exceptionnel. Pas tant par sa magnitude – des événements de ce type sont fréquents à l’échelle mondiale et nous en enregistrons un tous les 3–4 ans en France métropolitaine-, mais surtout par sa localisation", précise Jérôme Vergne. Il ajoute que ce tremblement de terre n’a "très probablement aucun lien" avec celui qui s’est produit à Brest, d’une magnitude 3, la nuit dernière. »

A 17h 54, Sud Ouest « met à jour » son article initial. Mis à jour ? Pas vraiment. Il conserve son titre : « Tremblement de terre de magnitude 4,9 dans le Sud-Ouest ». Tant pis pour le CEA : ce séisme-là n’atteindra jamais le 5e échelon.

La mise à jour - qui continuera par la suite, puisque le 21 mars au matin, on y verra paraître un chef de cuisine toqué- consiste simplement à remplacer la carte du BCSF par celle-ci :


L’épicentre du séisme se trouve entre le sud de la Charente-Maritime et le nord de la Gironde

On remarque tout en haut de cette carte tronquée, à l’ouest de Jonzac, une ville identifiée comme « Gironde ». Existe-t-il donc une ville de ce nom ? Certes non. Il s’agit en fait de Mortagne-sur-Gironde, dont le nom a été coupé. Mais ce n’est qu’un détail.

Ce qui n’est pas un détail et manque vraiment sur cette carte, c’est la ville de Blaye, celle qui a donné son nom à la centrale du Blayais. Ou encore celle de Braud-et-Saint Louis, commune où la centrale est située, une douzaine de kilomètres plus au nord. Bref, il manque la centrale elle-même, qui se situe à mi-chemin sur la ligne Montendre-Hourtin, à environ 20 km de Montendre et à 25 km de l’épicentre du séisme.

Cette centrale nucléaire dont deux des quatre « unités » (ou bâtiments-réacteurs) furent inondées lors de la tempête du 27 décembre 1999 faillit pour cette raison connaître le même sort que celle de Fukushima Daichi douze ans plus tard. Ses réacteurs partagent avec le réacteur N°1 de Fukushima un autre point commun : ils sont tous MOXés, c’est-à-dire alimentés avec un mélange d’uranium et de plutonium, le MOX, dont AREVA se vantait justement en janvier 2011 d’avoir fourni un premier contingent aux Japonais de TEPCO ! Juste à temps pour que le plutonium - le pire de tous les matériaux fissiles ! - puisse se répandre dans l’air et l’océan Pacifique à la faveur de la catastrophe.

Voilà donc qu’après l’eau, c’est la terre qui menace la centrale du Blayais ! Voilà qu’une fissure vieille de plusieurs millions d’années se réveille ! Quel culot ! Si ça se trouve, la même mésaventure pourrait bien se produire un de ces jours dans la région de Bure, là où nos élites éclairées au nucléaire projettent d’enfouir sans retour ni remède leurs déchets hautement radioactifs à vie longue ! Pourvu que la terre attende quelques décennies avant de s’agiter ici ou là : ainsi nos "responsables" ne seront-ils plus là pour répondre de leurs actes devant la justice...

Certes, ni eux ni la centrale du Blayais n’ont couru de risque, cette fois-ci. Parmi les 144 premiers témoignages parvenus au BCSF, on n’en relève aucun en provenance de Blaye ou de Braud-et-Saint Louis. En revanche, le BCSF en a reçu un en provenance de Civaux : "Mon bureau en bois faisait des mouvements horizontaux, bruit de bois qui travaille." Le message sismique est donc parvenu à l’autre centrale de la région, située bien plus loin au nord-est de l’épicentre. Parviendra-t-il aux oreilles des dirigeants d’EDF et des membres du gouvernement tout de vert badigeonné ?

Un ami de Nouvelle-Zélande, terre sismique s’il en est, dont la maison a été détruite lors du séisme de 2011, m’envoie son témoignage :

"Ayant vécu une vingtaine de séismes au-dessus de 4,5, je confirme qu’ils sont destructeurs. Cela dépend un peu de la distance, de la profondeur, de la direction des chocs.

" La vieille idée de la terra firma est un mensonge - partout !

"Cette centrale est probablement fragilisée - de sorte qu’un choc moins grand pourrait maintenant faire plus de dégâts."

Mais ce serait quand même dommage de faire un rapprochement quelconque entre "Tchernoblaye", comme disent les antinucléaires d’ici, et un séisme de magnitude 5, jamais vu dans la région depuis 260 ans, irrespectueux du "zonage sismique de la France en vigueur depuis le 1er mai 2011" :

Il bafoue toutes les prévisions de sûreté garanties par EDF, AREVA-ORANO, le CEA, l’ASN, et bien sûr Diplômées Par Le Gouvernement. Grâce à elles, nous sommes assurés en France de perpétuer l’énergie nucléaire ad vitam aeternam, sans jamais risquer les catastrophes que les autres subissent, en Russie, aux Etats-Unis, au Japon ou ailleurs. Tellement éloignés du savoir-faire français...

Ce séisme insultant n’a pas à remettre en cause une technologie qui, de surcroît, n’est pas sans faille, elle non plus, puisque, pas plus tard que l’avant-veille, lundi 18 mars, le réacteur N° 4 de la centrale du Blayais, à peine redémarré, s’était mis brutalement à l’arrêt pour la journée, en raison d’une défaillance inexpliquée : « l’augmentation trop rapide du niveau d’eau dans les générateurs de vapeur »… Cf. Sud Ouest, 20/03/2019, page 11.

Pour conclure, Sud Ouest nous fournit des informations utiles, voire précieuses, mais sans aller jusqu’au titre qu’elles auraient dû logiquement inspirer au journal :

Un séisme de magnitude 5 totalement imprévu frappe à la porte de la centrale du Blayais

Il faut rester aussi rassurant que le Préfet de Nouvelle Aquitaine, également Préfet de la Gironde, qui le 20 mars dès 12h 08 tweetait :

"Un séisme de magnitude 4,9 a été ressenti ce matin (10h56) en Gironde. L’épicentre se situe à 35km à l’Est de Pauillac. Ni blessé, ni dégât matériel à cette heure. Plus d’infos http://www.franceseisme.fr
"Possibilité de légers dégâts sur des bâtiments vulnérables"

Dormez tranquilles, braves gens.

Finalement, c’est comme pour notre chère, très chère bombe atomique (et celles que son existence ou son emploi ne manquerait pas d’attirer sur nous en cas de conflit avec une autre puissance nucléaire) :

"Possibilité de légers dégâts sur des bâtiments vulnérables".

On vous l’a dit : dormez tranquilles, braves gens.

Jean-Marie Matagne (ACDN)

***
A propos de la bombe atomique :

C’est une démocratie, ça ? (Tcherno23, 23 avril 2016, Vidéo 23’) : le fin mot de l’histoire.

L’Homme debout, mars 2019 (Son 57’ 53’’’)


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