A Biscarrosse (Landes), un rassemblement national vient d’avoir lieu du 22 au 24 septembre, pour exiger à la fois l’arrêt du programme « M51 » de nouveaux missiles nucléaires et une initiative française en faveur du désarmement nucléaire intégral, universel et contrôlé, que l’article VI du Traité de Non Prolifération (TNP) exige depuis des décennies.
La France a ratifié ce traité en 1992. Pas plus que les autres Etats cosignataires du TNP et dotés d’armes nucléaires (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne et Chine), elle n’a esquissé le moindre geste diplomatique en vue de mettre en œuvre cet engagement. Bien au contraire, elle développe de nouvelles armes, parmi lesquelles le missile M51. Ce double langage incite les Etats sans armes nucléaires à s’en procurer - l’Iran par exemple, et bien d’autres Etats connus pour en être capables. La « prolifération verticale » de la France contribue donc à encourager la « prolifération horizontale » de ces armes de destruction massive.
Pendant près de trois jours, le rassemblement de Biscarrosse a attiré des milliers de citoyens (peut-être plus de 10 000), de tous âges et de toutes origines, aux portes du Centre d’Essais des Landes (CELM) où l’armée française expérimente des engins voués à porter la mort sur des populations étrangères tout en l’attirant sur nos propres cités.
Ce rassemblement a été voulu par une douzaine d’associations françaises membres du Réseau mondial « Abolition 2000 », comme une étape de leur campagne nationale de sensibilisation à l’urgente nécessité d’entreprendre enfin et pour de bon le désarmement nucléaire.
Son succès remarquable est dû à plusieurs facteurs : les moyens et le savoir-faire de Greenpeace, qui ont permis d’associer une manifestation et un festival musical de haut niveau ; l’expérience des autres associations engagées de longue date dans ce combat pour le désarmement nucléaire, qui a permis d’éviter les risques de « débordements » inhérents à un tel rassemblement et de lui conserver un caractère symbolique et non-violent ; l’attitude plutôt discrète de la gendarmerie ; l’engagement déterminé et généreux de nombreux chanteurs et musiciens connus et aimés des jeunes ; la réponse active de ces derniers, au-delà même des espérances des organisateurs ; le dévouement de nombreux militants bénévoles.
On regrettera seulement la fin de non-recevoir opposée par les autorités militaires, évidemment sur ordre gouvernemental, à la délégation qui avait demandé à être reçue par le directeur du CEL. Ce mépris d’une démarche citoyenne visant à restituer à la société civile un droit de regard sur le détournement de ses impôts vers une politique militairement absurde, financièrement ruineuse, moralement injustifiable, juridiquement illégale, humainement criminelle, est une faute grave.
La résistance civique à la dictature occulte des lobbies militaro-industriel et nucléaire n’en est qu’à ses débuts. Le vote du budget militaire, les échéances électorales de 2007 peuvent être l’occasion d’inaugurer une autre politique de défense, autrement plus sensée. Pour sa part, ACDN appelle tous les citoyen(ne)s, qui sont aussi des électeurs, à s’en saisir pour interpeller les candidat(e)s aux élections présidentielle et législatives en exigeant d’eux de définir leur position et, quelle qu’elle soit, de s’engager à consulter le peuple français par référendum. C’est au peuple de choisir lui-même les moyens par lesquels il entend garantir sa sécurité et vivre en paix.