MOSCOU, 21 mars - RIA Novosti. Le Pentagone projette de mener prochainement une attaque massive contre l’infrastructure militaire iranienne, estime le général Leonid Ivachov, vice-président de l’Académie de sciences géopolitiques.
"Je n’ai aucun doute quant à la réalité de cette opération ou, plus précisément, de cette agression contre l’Iran", a déclaré le général russe dans un entretien à RIA Novosti mercredi.
Selon lui, en témoignent notamment la conférence début mars à Washington du Comité américano-israélien (AIPAC), qui a décidé d’appuyer l’administration Bush, ainsi que le fait que quelques jours après le Congrès US a révoqué son propre amendement interdisant au président d’attaquer l’Iran sans son aval.
"Nous en avons tiré la conclusion que cette opération aurait bien lieu. Autrement dit, la communauté israélienne des Etats-Unis et la direction israélienne - représentée à cette conférence par la ministre des Affaires étrangères de l’Etat hébreu - ont formulé la directive d’attaquer l’Iran", a noté l’expert.
Mais les Etats-Unis ne projettent pas d’opération terrestre. "De toute évidence, il n’y aura pas d’invasion terrestre. Ce seront des frappes aériennes massives et d’usure, dans le but de détruire le potentiel militaire de la résistance, les centres de direction administrative, les installations économiques clefs et, si possible, une partie de la direction iranienne", a souligné l’expert.
Le général Ivachov n’a pas écarté l’éventualité de frappes au moyen d’armes nucléaires tactiques contre les sites nucléaires iraniens. "Il se peut qu’on fasse appel à des charges nucléaires de faible puissance", a-t-il supposé.
L’action du Pentagone sera en mesure de paralyser la vie dans le pays, d’y semer la panique et, d’une manière générale, d’instaurer un climat de chaos et d’incertitude", a affirmé l’expert.
"Cela pourrait raviver les luttes pour le pouvoir à l’intérieur de l’Iran. Une mission de paix devra suivre pour mettre au pouvoir à Téhéran un gouvernement pro-américain", a estimé le général Ivachov.
Tout cela aura pour but de redorer le blason de l’administration républicaine qui pourra ainsi déclarer que le potentiel nucléaire iranien a été détruit, a-t-il ajouté.
Parmi les éventuelles conséquences de l’opération militaire, le général a cité la dislocation du pays à l’instar de l’Irak. Selon lui, "cette conception a donné des résultats dans les Balkans, maintenant elle sera appliquée - si celle-ci ne l’est pas déjà - à l’égard du Grand Proche-Orient".
Interrogé sur la question de savoir si la Russie était en mesure, par la voie diplomatique, d’influer sur les évolutions autour de l’Iran, l’expert a affirmé que "Moscou doit exercer un impact, exigeant une convocation urgente du Conseil de sécurité de l’ONU pour étudier la question de l’agression non sanctionnée en préparation contre l’Iran et du non-respect des principes de la Charte de l’ONU".
"Et là, la Russie pourrait coopérer avec la Chine, la France et les membres non permanents du Conseil. De telles mesures préventives pourraient contenir l’agression", affirme le général Ivachov.
Selon un conseiller militaire russe
Une action militaire US en Iran sans l’aval du Conseil de sécurité est peu probable
WASHINGTON, 27 mars - RIA Novosti - Une attaque militaire américaine contre l’Iran sans l’assentiment du Conseil de sécurité de l’ONU est peu probable, a déclaré à RIA Novosti Vladimir Chamanov, conseiller du ministre russe de la Défense.
"Je pense qu’à ce jour, quels que soient les différends et malgré l’incident concernant la capture des quinze marins britanniques, je pense qu’ici en Amérique on est conscient qu’une brusque escalade des événements autour de l’Iran est peu probable sans l’assentiment de l’opinion internationale et de son principal instrument, le Conseil de sécurité de l’ONU", a dit Vladimir Chamanov.
D’autant qu’une résolution condamnant une agression contre l’Iran a été adoptée avec l’appui de la Russie "et que les Américains prennent cette chose en compte".
Si l’interlocuteur de RIA Novosti estime peu probable une action militaire de grande envergure des Etats-Unis contre l’Iran, il n’écarte pas totalement un scénario de ce genre. "Les événements évoluent avec une rapidité telle qu’on ne saurait exclure que si un pays ou un groupe de pays manifestent ce que l’on appelle un comportement inapproprié, la riposte pourrait être pas moins résolue et rapide", a fait remarquer Vladimir Chamanov en ajoutant que la pratique montre que les défis exceptionnels réclamaient des actions exceptionnelles. "Les spécialistes avaient atermoyé avant le 11 septembre et cela s’était soldé par une agression contre les Etats-Unis", a dit le conseiller du ministre russe de la Défense.
Certains grands moyens d’information avaient cité le mois d’avril comme date éventuelle du début d’une agression armée des Etats-Unis contre l’Iran. Selon le scénario envisagé, le conflit armé débuterait par des bombardements massifs américains sur les sites militaires iraniens. Lorsque l’Iran ne serait plus en mesure de combattre, un contingent limité de troupes spéciales pénétrerait dans le pays.
La direction militaro-politique des Etats-Unis déclare que le problème de l’Iran doit être réglé par des moyens diplomatiques, cependant elle envisage aussi d’autres solutions.